Le Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Denis est installé dans l'ancien Carmel, rénové au XVIIIe siècle par Louise de France, une des filles de Louis XV qui y fut pensionnaire, et au XXe par la Municipalité. Un lieu magnifique, certes un peu austère, mais qui tranche de façon heureuse et douce avec son environnement. À l'entrée de chacune des salles distribuées par le cloître, on peut lire au dessus de la porte une sentence mystique, aujourd'hui parfaitement décalée et donc productrice d'un excellent comique. Surtout quand la salle en question est celle des toilettes pour dames et que la sentence est :
Avec ces deux dernières interventions on est un peu sorti de l'image trop réductrice du Caradec humoriste, pour aborder celle du Caradec poète et écrivain, excellent poète et excellent écrivain. C'est la pause. J'en profite pour photographier M. et A. Z. qui prennent des attitudes idoines sous les sentences mystiques. Déjeuner au Thaï d'en face, menu buffet à volonté pour 10 euros cinquante. Pas mal du tout. Et puis cela reprend.
J'ai peu suivi le premier exposé d'Étienne Cornevin sur la logique et Allais, digestion oblige, mais j'ai retenu qu'au mot de «pensée penchée», Claude Debon, de la salle, a fait cette remarque: «mais n'est-ce pas la définition du Clinamen ?» Elle a raison. Christian Laucou intervient ensuite sur Caradec typographe et montre une série de belles images de couvertures ou d'intérieurs de livres. Bruno Fuligni, qui dirige la Mission éditoriale de l’Assemblée nationale, parle brillamment des rapports de la farce et du sacré. Le comique de la politique vient de son excès de sérieux. La politique serait la mystification par excellence. Les «petites histoires» de l'Assemblée nationale, toutes vérifiables, sont toutes fausses ou presque. Mais chez Caradec, tout est vrai, et il a le don à partir du petit détail, de reconstituer l'ensemble, le grand truc finalement si dérisoire auquel il a conduit. Alain Zalmanski, remplaçant Paul Gayot, explique à un public déjà bien initié les arcanes de la 'Pataphysique, de ses commissions et co-commissions, ainsi que les fonctions et les titres de François Caradec, à l'aide de slides Power Point. [C'est curieusement le seul de toute la bande qui se soit servi de cet outil pourtant indispensable au conférencier d'aujourd'hui]. Étienne Cornevin conclut enfin, mais il n'y a plus un étudiant dans la salle. La table ronde qui suivit a dû paraître bizarre aux deux ou trois non pataphysiciens présents dans ce qui restait de public.
Que votre modestieOn note d'autres perles de la même eau comme Le plaisir de mourir sans peine Vaut bien la peine de vivre sans plaisirs. ou Encore un pas Et puis le ciel. Pour atteindre non pas le ciel mais la salle où avait lieu hier mercredi une journée d'étude consacrée à François Caradec, il fallut fouler les tombes des carmélites et longer une citation de Thérèse d'Avila inscrite dans le sol en lettres d'acier. Cela en valait la peine. Étienne Cornevin, professeur de «tératologie poétique» à Paris 8 avait réuni les meilleurs intervenants. Malgré un fil conducteur un peu réducteur, la monstruosité, ils ont réussi à donner une image assez complète de cet auteur aux facettes multiples. Éric Dussert (L'Alamblog, le Matricule des Anges) parla d'abord de L'Encyclopédie des farces et attrapes et mystifications, édité chez Pauvert en 1964, écrit par Caradec en collaboration avec Noël Arnaud et alii, la situant dans le contexte du Collège de 'Pataphysique, de l'Institut français de Farces et Attrapes, et du Da Costa encyclopédique. [À ce point de la réunion, je constate que s'il est beaucoup question du Rire, peu dans la salle semblent se gondoler, en tout cas pas les rares étudiants qui s'y trouvent]. Yves Frémion, en tant que spécialiste incontesté des petits miquets, parle ensuite de Caradec iconologue, et plus particulièrement de sa «colombophilie» : Caradec était un admirateur et connaisseur de Christophe (i.e. Georges Colomb), l'immortel créateur du Savant Cosinus, du Sapeur Camembert et de la Famille Fenouillard, dont il écrit la biographie, la première consacrée à un auteur de bandes dessinées. Puis c'est au tour d'Astrid Bouygues, qui fait un exposé remarquable de finesse sur Caradec lecteur de Queneau, exégète de sa rime «asthmatique», et qui lui a consacré 10 articles. Pour Caradec, l'œuvre de Queneau n'est qu'une longue quête de l'enfance. Jacques Jouet, pour sa belle et riche intervention, a choisi la forme de la quenine qu'il explique au public: neuf strophes de neuf vers avec neuf éléments permutant (dans son cas les débuts de vers) selon des règles précises. Il a remarqué dans les Nuages de Paris l'occurrence importante du mot passer.
Soit connue de tous les hommes.
Avec ces deux dernières interventions on est un peu sorti de l'image trop réductrice du Caradec humoriste, pour aborder celle du Caradec poète et écrivain, excellent poète et excellent écrivain. C'est la pause. J'en profite pour photographier M. et A. Z. qui prennent des attitudes idoines sous les sentences mystiques. Déjeuner au Thaï d'en face, menu buffet à volonté pour 10 euros cinquante. Pas mal du tout. Et puis cela reprend.
J'ai peu suivi le premier exposé d'Étienne Cornevin sur la logique et Allais, digestion oblige, mais j'ai retenu qu'au mot de «pensée penchée», Claude Debon, de la salle, a fait cette remarque: «mais n'est-ce pas la définition du Clinamen ?» Elle a raison. Christian Laucou intervient ensuite sur Caradec typographe et montre une série de belles images de couvertures ou d'intérieurs de livres. Bruno Fuligni, qui dirige la Mission éditoriale de l’Assemblée nationale, parle brillamment des rapports de la farce et du sacré. Le comique de la politique vient de son excès de sérieux. La politique serait la mystification par excellence. Les «petites histoires» de l'Assemblée nationale, toutes vérifiables, sont toutes fausses ou presque. Mais chez Caradec, tout est vrai, et il a le don à partir du petit détail, de reconstituer l'ensemble, le grand truc finalement si dérisoire auquel il a conduit. Alain Zalmanski, remplaçant Paul Gayot, explique à un public déjà bien initié les arcanes de la 'Pataphysique, de ses commissions et co-commissions, ainsi que les fonctions et les titres de François Caradec, à l'aide de slides Power Point. [C'est curieusement le seul de toute la bande qui se soit servi de cet outil pourtant indispensable au conférencier d'aujourd'hui]. Étienne Cornevin conclut enfin, mais il n'y a plus un étudiant dans la salle. La table ronde qui suivit a dû paraître bizarre aux deux ou trois non pataphysiciens présents dans ce qui restait de public.
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