25 septembre 2019

Le fourmilion (sonnet)


Le fourmilion tapi dans son cornet de sable,
Piège assez astucieux, provoque un tourbillon
Qui entraîne vers lui sans autre sommation
La petite fourmi qui est si vulnérable.

Du fond de l’entonnoir il saute sur le râble
De l’insecte jouet de sa machination.
Alors il l’écrabouille sans modération
Avec sa paire de cisailles redoutable,

En suce l’intérieur et tous les tissus mous,
Ne laissant à la fin qu’un squelette en chitine
Que d’une chiquenaude il jette hors de son trou.

Henri Fabre a décrit la bestiole gredine,
Grosse, moche, rampante, mais sans préciser
Qu’en quasi libellule elle allait se changer.

EC

10 septembre 2019

L'aoûtat (sonnet)


Avec six pattes, non, ce n’est pas un insecte,
Mais la larve hexapode d’un simple acarien.
Ce petit être rouge a l’air d’un moins que rien,
Ce qui n’empêche pas, sous la peau, qu’il injecte,

Pour digérer certains sucs dont il se délecte,
Sa salive qui malheureusement contient
Des enzymes gloutons. On ne se sent pas bien,
On se gratte jusqu’à ce que la peau s’infecte,

Et ça dure des jours. Aux jambes, les rougeurs
Se transforment parfois en d’affreuses papules.
Comment de l’aoûtat la larve minuscule

Peut-elle nous occasionner tant de malheurs ?
Vite, il nous faut prendre un antihistaminique
Pour éviter au moins l’urticaire allergique.

E.C.

01 septembre 2019

Le scorpion (sonnet)


Elle avait mis aux pieds ses beaux petits talons
Et priait à genoux derrière sa voilette.
Ma grand-mère était chic dans sa jolie toilette
Et moi je rêvassais ; (la messe c’est bien long).

Nous en étions je crois à la consécration,
Quand soudain devant ses voisines stupéfaites
Ma grand-mère bondit et le rouge aux pommettes
Se mit à piétiner, furibarde, un scorpion.

C’était un scorpion noir avec des pattes jaunes
De ceux qu’on voit partout dans la vallée du Rhône
Et qui prenait le frais d’un humide sillon,

Sans se douter hélas qu’une héroïne étrange
L’écraserait sans peur sous ses petits talons
Comme fit du démon le saint Michel archange.

EC