27 avril 2019

La tique (sonnet)



Cet acarien aveugle et dilacérateur
Mord l’homme ou l’animal pour entrer dans son derme
Et lui inoculer de Lyme l’affreux germe,
Maladie dont on a bien raison d’avoir peur.

L’érythème migrant, les frissons, la douleur
Sont le premier symptôme : il faut se montrer ferme
Afin d’éviter la paralysie à terme
Ou bien la méningite dont hélas on meurt.

Faut-il donc renoncer aux forêts, aux balades,
Mépriser la nature et se méfier des chiens ?
Faut-il se protéger par une barricade ?

Non ! mais procéder à un sévère examen
Et recourir au pire à un antibiotique
Lorsque l’on a été piqué par une tique.

EC

10 avril 2019

La mite alimentaire (sonnet)




Voilà la mite moche à la gueule d’empeigne
Qui gâte de ses œufs la farine ou le riz
Et sans vergogne pond jusque dans le muesli.
Ce n’est qu’un papillon mais c’est une vraie teigne !

On applaudit bien fort pour lui fiche une beigne,
Elle tombe par terre et l’on s’en réjouit,
Car si l’on n’agit pas on est vite envahi
Et c’est tous les placards que bien vite elle imprègne.

Il faut tout nettoyer, jeter tous les paquets –
Pâtes, polenta, riz, semoule, biscuits même,
Sans parler des fruits secs que certaine race aime –

Et l’on a vite fait de vider le buffet.
Dommage qu’on ne puisse truffer la farine
Avecques deux ou trois boules de naphtaline.


EC

09 avril 2019

La guêpe maçonne (sonnet)




Quand elle vole on voit deux insectes voler,
Mais elle est seule, en fait, la guêpe solitaire
Que l’on appelle au choix ou maçonne ou potière.
Elle est en deux morceaux (mais un seul est ailé).

Affectionnant chez nous le bois de châtaignier
Longtemps elle a vécu comme une locataire
Et a fait fonctionner sa glande salivaire
En modelant l’argile pour ses nouveau-nés.

Chaque loge contient neuf ou dix araignées
Pour que la larve mange. Elle ferme le nid
En recommence un autre et refait sa tournée.

Mais un beau jour hélas ce manège a fini.
Le vieux plancher, il a fallu qu’on l’abandonne,
Le pin neuf a fait fuir notre guêpe maçonne.

EC

08 avril 2019

Le cloporte (sonnet)



Animal du sonnet, tu as quatorze pattes
Disposées tout autour de ton beau péréon,
Quelques branchies dans l’eau que contient ton pléon,
Et dans ton marsupium tes descendants s’ébattent.

D’être seul crustacé terrestre tu te flattes.
Lucifuge tu vis dans les plus sombres fonds.
Le bois pourri, les trucs en décomposition,
C’est là que tu choisis d’établir tes pénates.

Les anciens t’avalaient comme médicament
Sous forme d’huile ou poudre, et les homéopathes
T’utilisent aussi, en latin seulement,

Pour soigner les coliques les plus délicates.
Oniscus asellus, ça sonne beaucoup mieux
Que cloporte, un horrible nom, avouons-le.

E.C.

07 avril 2019

La tégénaire (sonnet)


Dans la salle de bains l’on voit la tégénaire
À l’automne cherchant compagne pour la nuit.
Il frappe chez la belle car il est poli,
Mais après le coït, hélas, ça dégénère...

Le mâle est attaqué. La femelle en colère
Le poursuit agressive et le chasse du nid.
À peine consommé le mariage est fini.
Elle fait fi de ses petites chélicères !

Elle refait sa toile en forme d’entonnoir
Pour y pondre ses œufs, une bonne centaine,
Que nul n’approchera qu’elle ne se déchaîne

Contre le prédateur. Mais l’araignée du soir
Est-elle aussi utile qu’on veut bien le dire ?
Une mouche par mois, cela peut lui suffire !

E.C.

06 avril 2019

Le sirex géant (sonnet)




Ils étaient deux copains ramant sur un kayak
Qui descendaient gaiement les gorges de l’Ardèche
Et leur embarcation filait comme une flèche,
Un matin tôt après une nuit de bivouac,

Quand soudain l’un des deux est saisi par le trac :
Il a les yeux tout ronds et sa bouche s’assèche,
Une vision d’horreur de pagayer l’empêche,
Car il voit se poser un insecte commac

Sur le crâne de l’autre. Une guêpe géante !
Un monstre comme ceux qui nos cauchemars hantent.
Sur la tête de son pote alors il abat

Sa rame, l’assommant. Mais l’insecte s’envole.
Il est aisé de voir là-dedans faribole
Mais le sirex géant, lui, existe ici-bas.

E.C.