11 mai 2009

De but en blanc


Affluence mercredi soir au Crayon qui tue (éditeur), pour la présentation et la signature de «De but en blanc», un monologue en polychromie véritable de Marcel Bénabou, avec sept méthodes de phraséochromie par l'Ouvroir de peinture potentielle, l'Oupeinpo.
Le «monologue» de Marcel Bénabou, dans la droite ligne de son travail sur le «langage cuit», explore et permute de façon jouissive les nombreuses expressions de la langue française contenant des noms de couleur. Il se termine par une grille permettant à chacun de se créer ses propres images. Par exemple un avocat marron peut jouer à l'éminence grise au bord de la Mer rouge, une victime de la marée noire peut avoir une trouille verte face à un bas-bleu, etc. etc. Ces couleurs n'ont pas manqué d'inspirer les membres de l'Oupeinpo. Tristan Bastit, l'appliquant à des œuvres antiques et notamment la colère (noire) d'Achille, illustre Loth complètement noir et ses filles au noir dessein par de savantes manipulations de pixels. Jacques Carelman, rivalisant avec Klein, montre 3 monochromes : un casque bleu ayant une peur bleue au cabaret de l'Ange bleu, un Peau-rouge tirant à boulets rouges sur la place Rouge, et un jardinier à la main verte portant l'habit vert square du Vert-Galant. Thieri Foulc construit, à partir du célèbre tableau de Delacroix La Mort de Sardanapale, un étonnant Peau rouge broyant du noir en ses nuits blanches. Olivier O. Olivier, réalisant «que la place Blanche [est] rendue par un moulin rouge et que «le vin blanc [est] plutôt jaune pâle», renonce à colorier ses croquis pour laisser libre cours à l'imagination du lecteur. George Orrimbe, déjà inventeur de la méthode vocalo coloriste, l'applique avec rigueur et pertinence à ce nouveau sujet pour figurer un auteur de série noire faisant grise mine rue du Château rouge et 3 autres planches mêmement codées. Brian Reffin Smith fabrique une volvelle (disques superposés, voir ici) formée, pour le disque inférieur, de l'Origine du monde de Courbet réduite à sa sélection rouge, et pour le supérieur d'un disque à trous sur lequel on inscrit les expressions contenant le mot rouge, et obtient par cette machine un Rouge voyant rouge au bord de la mer... assez terrifiant. De Jack Vanarsky, enfin, dont ce sont hélas les dernières créations, 4 dessins noir et blanc : chacun illustre une expression (par exemple un gris boit du bordeaux..) à la manière d'un dessin de presse, mais se voit associer une tache formée des couleurs citées.
Un très bel ouvrage qui montre aussi la créativité de l'association trop rare oulipo-oupeinpo.
48 pages, 24 € à commander au Crayon qui tue, 51 A rue du Volga, Paris XXe.

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