11 octobre 2019

Le frelon asiatique (sonnet)


Inoffensif et doux, pauvre frelon d’Europe
Tue-mouche économique, utile prédateur,
Qui ne piques jamais sauf quand on te fait peur
Te voilà visé par un insecte interlope,

Un petit cousin noir, véritable salope
Qui est entré chez nous ainsi qu’un malfaiteur
Et se montre mauvais, nuisible, destructeur
Pour notre abeille hélas. C’est elle qui écope

Encore plus que toi. Comment l’exterminer ?
De nos apiculteurs il est la bête noire,
Tout ce qu’ils ont tenté contre lui a foiré

Et leurs pièges se sont avérés illusoires.
Son nid peut contenir dix mille individus
Tous aussi agressifs. Te voilà prévenu.


EC

25 septembre 2019

Le fourmilion (sonnet)


Le fourmilion tapi dans son cornet de sable,
Piège assez astucieux, provoque un tourbillon
Qui entraîne vers lui sans autre sommation
La petite fourmi qui est si vulnérable.

Du fond de l’entonnoir il saute sur le râble
De l’insecte jouet de sa machination.
Alors il l’écrabouille sans modération
Avec sa paire de cisailles redoutable,

En suce l’intérieur et tous les tissus mous,
Ne laissant à la fin qu’un squelette en chitine
Que d’une chiquenaude il jette hors de son trou.

Henri Fabre a décrit la bestiole gredine,
Grosse, moche, rampante, mais sans préciser
Qu’en quasi libellule elle allait se changer.

EC

10 septembre 2019

L'aoûtat (sonnet)


Avec six pattes, non, ce n’est pas un insecte,
Mais la larve hexapode d’un simple acarien.
Ce petit être rouge a l’air d’un moins que rien,
Ce qui n’empêche pas, sous la peau, qu’il injecte,

Pour digérer certains sucs dont il se délecte,
Sa salive qui malheureusement contient
Des enzymes gloutons. On ne se sent pas bien,
On se gratte jusqu’à ce que la peau s’infecte,

Et ça dure des jours. Aux jambes, les rougeurs
Se transforment parfois en d’affreuses papules.
Comment de l’aoûtat la larve minuscule

Peut-elle nous occasionner tant de malheurs ?
Vite, il nous faut prendre un antihistaminique
Pour éviter au moins l’urticaire allergique.

E.C.

01 septembre 2019

Le scorpion (sonnet)


Elle avait mis aux pieds ses beaux petits talons
Et priait à genoux derrière sa voilette.
Ma grand-mère était chic dans sa jolie toilette
Et moi je rêvassais ; (la messe c’est bien long).

Nous en étions je crois à la consécration,
Quand soudain devant ses voisines stupéfaites
Ma grand-mère bondit et le rouge aux pommettes
Se mit à piétiner, furibarde, un scorpion.

C’était un scorpion noir avec des pattes jaunes
De ceux qu’on voit partout dans la vallée du Rhône
Et qui prenait le frais d’un humide sillon,

Sans se douter hélas qu’une héroïne étrange
L’écraserait sans peur sous ses petits talons
Comme fit du démon le saint Michel archange.

EC

08 août 2019

Le tardigrade (sonnet)



Tout petit, boudiné, coriace, lent, pataud,
Sans yeux, sans nez, sans muscle, et mou comme une chiffe,
S’agrippant au moyen de huit pattes à griffes,
C’est le plus résistant de tous les animaux.

Cousin du nématode, un ver rond pas très beau,
Il adore la mousse et le lichen il kiffe.
Par ses qualités il épate les pontifes,
Car il supporte tout, le froid comme le chaud,

Même les rayons X, l’absence d’oxygène,
Une pression mesurée en mégapascals,
Ou le vide absolu ; tout ça grâce à ses gènes.

Ça fait du tardigrade un étrange animal
Qui survivra sans doute à l’humaine infortune…
Et les Israéliens en envoient dans la Lune !

07 août 2019

Le pou (sonnet)



Chaque année la rentrée est un pur cauchemar :
Sur le cuir chevelu de nos enfants il grouille,
Car il se reproduit, fort de ses quatre couilles,
Sur leurs têtes qu’il change en un vrai lupanar.

La femelle produit, des œuvres du paillard,
Des lentes accrochées aux cheveux et les souille.
Rapidement il faut alors que l’on épouille,
Ce qui se fait avec un très fin démêloir.

Puis cheveu par cheveu on éclate les lentes
Entre deux ongles, provoquant un petit « clic » ;
L’opération parfois peut même être amusante.

Si ça ne suffit pas, il est du dernier chic
D’offrir au pou qui donne la pédiculose
Une mort parfumée avec la Marie-Rose.

EC

06 août 2019

Les puces (sonnet)


Semées par notre chien constamment infesté,
Deux mois qu’elles guettaient le retour de vacances !
Affamées, assoiffées et souffrant de carence,
Elles nous attendaient, planquées dans le plancher.

Dans la serrure mon père a tourné la clef ;
Cela a suffi pour réveiller leur engeance.
Elles sautaient sur nous, pensant faire bombance,
Mais mon père a dit non ! il ne faut pas entrer.

Il remplit d’eau un bac et tend sa jambe nue
Pour la ressortir noire. Il la trempe dans l’eau
La retend, la retrempe, et la tend à nouveau

Jusqu’à ce que, la légion des puces vaincue,
Nous puissions pénétrer enfin dans la maison
Et au reste du lot faire entendre raison.

EC

20 juillet 2019

Le lépisme (sonnet)



Dans la bibliothèque il sème la terreur
Car il est apte à digérer la cellulose.
Il peut bouffer les vers, il peut bouffer la prose,
Faisant le désespoir et l’ire du lecteur

Sans parler du copiste qui voit son labeur
Gâté en peu de temps par cette affreuse chose.
Tous les livres cités dans Le Nom de la rose
Pourraient être rongés par sa rampante horreur !

Il porte un joli nom pourtant : poisson d’argent…
Voilà ce qu’on appelle un savant euphémisme
Pour nommer d’un vocable trompeur le lépisme,

L’amateur de moisi, l’insecte malséant
Qui aime la poussière le chaud et l’humide
Et transforme le livre en un objet sordide.

EC

11 juillet 2019

Le gendarme (sonnet)



Son uniforme est décoré d’un masque ethnique
Pouvant fluctuer en fonction de la chaleur
Et que l’on reconnaît vite à ses deux couleurs,
Rouge et noir, dont le rôle est aposématique.

Des fruits de nos tilleuls il fait ses pique-niques,
La rose trémière est pour lui une liqueur.
Il vit en colonie et sans nulle pudeur
Attaché par le cul à la femelle, il nique

Et ça dure longtemps : parfois jusqu’à sept jours !
Les enfants passionnés observent les amours
Du gendarme, apprenant qu’il n’est qu’une punaise,

Ce qui prouve que l’on peut s’instruire au soleil.
Ils l’embêtent un peu, puis quand ils ont sommeil,
Ils rentrent se coucher. L’insecte toujours baise.

EC

05 juillet 2019

Le Moustique-tigre (sonnet)



Via l’Asie du Sud-Est c’est chez nous qu’il s’impose,
Tout petit, l’air de rien, en pyjama rayé,
Visant les jambes nues qu’il adore piquer
Pour nous inoculer l’affreuse arbovirose.

Dans la soucoupe d’eau sous votre pot de roses
Il vient pondre ses œufs. Vous avez négligé
De la vider souvent. Il faut bien nettoyer
Car sa larve renaît après une diapause.

Une fois installé, on parvient rarement
À s’en débarrasser ; c’est foutu pour longtemps.
Pourquoi donc de chez lui fallut-il qu’il émigre ?

Ne laissez jamais d’eau croupir en plein cagna
Sous peine d’attraper, par le moustique-tigre,
La dengue, le zika ou le chikungunya.

EC

24 juin 2019

Le taon (sonnet)


C’est une mouche grise et plate très vilaine
Qui mord en arrachant presque un morceau de chair.
Lorsqu’on en est piqué, on subit un enfer.
Qu’on a mal ! qu’on a mal ! ah ! que l’on a de peine !

Si encore l’horrible bestiole était saine !
Mais elle est le vecteur des maux les plus divers,
Anémies, bactéries, virus et même vers,
Ce qui la filariose, affreux détail, entraîne.

Vivant près des étangs et des endroits humides,
Il va pondre ses œufs au cœur des bois putrides.
Ce diptère agressif fait peur aux éleveurs.

Si l’on peut comparer le taon et le moustique
C’est que c’est seulement la femelle qui pique.
Le taon mâle, innocent, va butiner les fleurs.

EC

27 avril 2019

La tique (sonnet)



Cet acarien aveugle et dilacérateur
Mord l’homme ou l’animal pour entrer dans son derme
Et lui inoculer de Lyme l’affreux germe,
Maladie dont on a bien raison d’avoir peur.

L’érythème migrant, les frissons, la douleur
Sont le premier symptôme : il faut se montrer ferme
Afin d’éviter la paralysie à terme
Ou bien la méningite dont hélas on meurt.

Faut-il donc renoncer aux forêts, aux balades,
Mépriser la nature et se méfier des chiens ?
Faut-il se protéger par une barricade ?

Non ! mais procéder à un sévère examen
Et recourir au pire à un antibiotique
Lorsque l’on a été piqué par une tique.

EC

10 avril 2019

La mite alimentaire (sonnet)




Voilà la mite moche à la gueule d’empeigne
Qui gâte de ses œufs la farine ou le riz
Et sans vergogne pond jusque dans le muesli.
Ce n’est qu’un papillon mais c’est une vraie teigne !

On applaudit bien fort pour lui fiche une beigne,
Elle tombe par terre et l’on s’en réjouit,
Car si l’on n’agit pas on est vite envahi
Et c’est tous les placards que bien vite elle imprègne.

Il faut tout nettoyer, jeter tous les paquets –
Pâtes, polenta, riz, semoule, biscuits même,
Sans parler des fruits secs que certaine race aime –

Et l’on a vite fait de vider le buffet.
Dommage qu’on ne puisse truffer la farine
Avecques deux ou trois boules de naphtaline.


EC

09 avril 2019

La guêpe maçonne (sonnet)




Quand elle vole on voit deux insectes voler,
Mais elle est seule, en fait, la guêpe solitaire
Que l’on appelle au choix ou maçonne ou potière.
Elle est en deux morceaux (mais un seul est ailé).

Affectionnant chez nous le bois de châtaignier
Longtemps elle a vécu comme une locataire
Et a fait fonctionner sa glande salivaire
En modelant l’argile pour ses nouveau-nés.

Chaque loge contient neuf ou dix araignées
Pour que la larve mange. Elle ferme le nid
En recommence un autre et refait sa tournée.

Mais un beau jour hélas ce manège a fini.
Le vieux plancher, il a fallu qu’on l’abandonne,
Le pin neuf a fait fuir notre guêpe maçonne.

EC

08 avril 2019

Le cloporte (sonnet)



Animal du sonnet, tu as quatorze pattes
Disposées tout autour de ton beau péréon,
Quelques branchies dans l’eau que contient ton pléon,
Et dans ton marsupium tes descendants s’ébattent.

D’être seul crustacé terrestre tu te flattes.
Lucifuge tu vis dans les plus sombres fonds.
Le bois pourri, les trucs en décomposition,
C’est là que tu choisis d’établir tes pénates.

Les anciens t’avalaient comme médicament
Sous forme d’huile ou poudre, et les homéopathes
T’utilisent aussi, en latin seulement,

Pour soigner les coliques les plus délicates.
Oniscus asellus, ça sonne beaucoup mieux
Que cloporte, un horrible nom, avouons-le.

E.C.

07 avril 2019

La tégénaire (sonnet)


Dans la salle de bains l’on voit la tégénaire
À l’automne cherchant compagne pour la nuit.
Il frappe chez la belle car il est poli,
Mais après le coït, hélas, ça dégénère...

Le mâle est attaqué. La femelle en colère
Le poursuit agressive et le chasse du nid.
À peine consommé le mariage est fini.
Elle fait fi de ses petites chélicères !

Elle refait sa toile en forme d’entonnoir
Pour y pondre ses œufs, une bonne centaine,
Que nul n’approchera qu’elle ne se déchaîne

Contre le prédateur. Mais l’araignée du soir
Est-elle aussi utile qu’on veut bien le dire ?
Une mouche par mois, cela peut lui suffire !

E.C.

06 avril 2019

Le sirex géant (sonnet)




Ils étaient deux copains ramant sur un kayak
Qui descendaient gaiement les gorges de l’Ardèche
Et leur embarcation filait comme une flèche,
Un matin tôt après une nuit de bivouac,

Quand soudain l’un des deux est saisi par le trac :
Il a les yeux tout ronds et sa bouche s’assèche,
Une vision d’horreur de pagayer l’empêche,
Car il voit se poser un insecte commac

Sur le crâne de l’autre. Une guêpe géante !
Un monstre comme ceux qui nos cauchemars hantent.
Sur la tête de son pote alors il abat

Sa rame, l’assommant. Mais l’insecte s’envole.
Il est aisé de voir là-dedans faribole
Mais le sirex géant, lui, existe ici-bas.

E.C.

12 février 2019

Le gerris ou araignée d'eau (sonnet)




Il marche carrément sur l’eau, mais par saccades,
Pas comme Jésus Christ. On a fait des robots
Qui peuvent l’imiter. Ils ne sont pas très beaux.
Lui non plus ne prétend pas être une naïade.

Lorsque près d’une mare on s’en va en balade
On entend les enfants parler d’« araignée d’eau »,
Mais il n’a que six pieds dont deux, comme un étau,
Ne servent qu’à saisir ses proies. La régalade !

Car c’est un prédateur redoutable et balèze.
Il faut dire qu’il est parent de la punaise.
L’eau lui semble élastique et il y fait ses pas,

Ce qui est étonnant c’est qu’il ne sombre pas.
S’il flotte, le gerris (c’est ainsi qu’on l’appelle)
C’est à cause de la tension superficielle.

EC

11 février 2019

Le cafard (sonnet)



J’étais à mon bureau quand j’ai vu ses antennes.
Mes cheveux se sont hérissés, j’ai fait un bond,
On eût dit qu’il me regardait. Quand le frisson
De trouille m’eut quitté, je pus reprendre haleine.

Il n’avait pas bougé. Il me fit de la peine.
Un verre qui avait contenu ma boisson
Se trouvait à côté. Je pris la décision
D'en recouvrir l’insecte, et tout à fait sereine,

Puisque j’étais chez moi quelque temps solitaire,
Je voulus ainsi qu’Ignace de Loyola
Spirituellement m’exercer. Il était là.

Pendant trois jours je le gardai sous sa verrière,
Il me tint compagnie du matin jusqu’au soir
Et c’est la seule fois où j’ai eu le cafard.

EC

29 janvier 2019

Le phasme (sonnet)



Imitant le lichen, la feuille, la brindille,
Une tige épineuse, une écorce, un bâton,
Il change de couleur en fonction des saisons
Et se confond avec le lierre qu’il mordille.

Il ? Je devrais dire « elle » car le phasme est fille
Du moins le plus souvent. On voit peu de garçons.
Et les phasmettes ont de drôles de façons :
Par parthénogénèse elles font leur famille.

Dans l’aquarium l’enfant parfois les cherche en vain
Alors qu’ils sont pourtant les plus grands des insectes !
Dans les fientes d’oiseaux c’est leurs œufs qu’on détecte,

Par une stratégie qui leur vient par instinct,
À leur estomac vingt pour cent des œufs résiste.
Le phasme est une bête assez opportuniste.

EC

26 janvier 2019

Le bousier, sonnet



On peut être sacré chez les vieux Égyptiens,
De métal noir bleuâtre orner sa carapace
Où parfois le soleil met un reflet fugace,
Et faire son régal de bouse et de crottin.

Car c’est là du bousier le bizarre destin :
Il roule chaque jour sa boule dégueulasse
Pour s’en repaître avec un appétit vorace
Ou offrir à sa larve un semblable festin.

Il ne renonce pas, Sisyphe coprophage
Quand sa fécale sphère dévale un talus
Il va la rechercher, se remet à l’ouvrage

Et pousse à reculons, tête en bas, vers son but.
Un petit éventail au bout de chaque antenne
Ridiculise un peu sa tâche herculéenne.

EC

25 janvier 2019

La punaise de lit (cimex lectularius), sonnet.



Se repaissant de sang la nuit comme un vampire
La punaise de lit affreuse nous fait peur :
On ne s’en débarrasse que par la vapeur,
Et c’est fou ce qu’il faut d’énergie pour l’occire.

Hélas le DDT, qu’il fallut interdire,
Était sur cet insecte assez dévastateur
Et l’on ne peut compter sur ses seuls prédateurs
Pour lui faire payer le sang qu’il nous soutire.

Elle a la forme et la couleur d’un gros pépin
Mais sa larve, qui nous pique aussi, est diaphane.
Elle affectionne les plinthes et les recoins,

Les planchers, les châlits. Elle réapparaît
Grâce à Airbnb... Rendez-nous s’il vous plaît
Le dichlorodiphényltrichloroéthane !

EC

24 janvier 2019

La guêpe (sonnet)



Sur mes lèvres fermées pleines de confiture
Elle s’était posée. — Ne bouge surtout pas
Même si ça chatouille un peu, m'a dit papa,
C’est la seule façon d’éviter la piqûre.

D’autres guêpes se sont posées sur ma figure.
— Surtout ferme la bouche pendant leur repas,
Observe leur plaisir, reste calme et sympa,
Et tu t’en tireras sans une égratignure.

Il disait vrai : depuis, je suis l’amie des guêpes.
J’en repêche une dans le verre de coca
Elle grimpe gentiment le long de mon doigt.

Si une autre s’englue dans le miel de ma crêpe,
Je lui nettoie les ailes d’un geste câlin
Après avoir mouillé un bout de sopalin.

EC

23 janvier 2019

Le perce-oreille ou forficule


Quand d’un noyau de pêche sort un forficule*
On pousse un petit cri, on fait tomber le fruit.
Pendant ce temps le perce-oreille s’est enfui
On ne peut plus l’examiner, oh la crapule !

Il porte sur le cul sa pince ridicule
Dont on a longtemps exagéré les ennuis
Qu’elle ferait dans l’auriculaire conduit :
Te ronger le cerveau ? Ne sois pas si crédule,

C’est le fruit mûr qu’il perce et non pas ton tympan.
Il aime le chou-fleur, aussi la betterave,
Parfois le puceron. Ah c’est un sacripant !

Mais il ne causera pas de blessure grave
À l’humain qui le saisit pour le regarder.
Son instinct maternel est très développé.

EC


* Officiellement le mot est féminin, mais tout le monde (les entomologistes et le Larousse les premiers) le met au masculin.

22 janvier 2019

l'iule (sonnet)


















Sur les flancs du Faron j’allais ramasser l’iule
Pour le plaisir de voir s’enrouler dans ma main
Son corps noir métallique et long. Dans cet écrin
Il semblait un bijou ancien, une fibule.

Le poltron devant son aspect luisant recule
Au vu de ses anneaux il prend un air chagrin…
Il n’a pas reçu d’un père comme le mien
De précieuses leçons sur cet animalcule.

Cet être inoffensif sur les flancs du Faron
Se chauffait au soleil ou dormait sous la pierre
Et quand il avait peur il se mettait en rond.

Je le reposais rapidement sur la terre
Avant qu’un jus orange ne tache mes doigts
Ce qui pourtant m’arrivait presque à chaque fois.

EC

21 janvier 2019

La mante religieuse (sonnet)


La tigresse de l’herbe aux pattes ravisseuses,
Qui bouffe son amant après accouplement,
Portant son habit vert fort hiératiquement,
Est immobile, en garde, comme une boxeuse.

Si elle nous fait peur elle n’est pas hideuse :
Les yeux écartés sont certes protubérants
Et la bouche vorace broie très proprement
Le criquet imprudent qui frôle la mangeuse ;

Mais quand vous l’avez vue en position spectrale,
Déployant largement son aile en éventail,
Légère et transparente ainsi qu’un beau vitrail,

Vous jugez autrement la mante sculpturale
Célébrée en son temps par Germaine Richier
Et finissez par éprouver de l’amitié.

EC

18 janvier 2019

Le Blob, sonnet



Jaune comme un gilet, géant, gélatineux,
Monstre plein de noyaux quoiqu’unicellulaire
Et vivant oui vivant, et si peu ordinaire,
Dépourvu de cerveau, de système nerveux,

Tapi dans les sous-bois, tu es Blob. Un neuneu ?
Non ! Ton intelligence est encore un mystère.
Tu es capable de te déplacer par terre,
Chaque jour tu multiplies ta taille par deux,

Tes pseudopodes rampent dans les labyrinthes
Et des flocons d’avoine tu fais ton régal.
Tu n’es pas champignon ni même végétal

Ni animal non plus. Mais ta mémoire suinte
En taches de mucus et tu as des amis
À qui par la fusion, tu enseignes l'acquis.

EC

17 janvier 2019

La scutigère véloce, sonnet.



Dans la salle de bains humide, elle digère
Le lépisme qu’elle a d’abord paralysé.
Elle porte avec grâce les neufs boucliers
De son exosquelette. C’est la scutigère.

Lecteurs ne croyez pas qu’en mes vers j’exagère
Son démarrage vif et sa vélocité,
Car on court vite sur quinze paires de pieds !
Elle ne prend jamais son job à la légère,

Et quand elle s’y met, les cafards noctambules,
La fourmi du balcon, le moustique du soir,
L’araignée même enfin, n’ont plus aucun espoir,

Ils périront coincés entre ses forcipules.
Ne l’écrase donc pas, ce serait un délit,
Car c’est le prédateur des punaises de lit !

EC.