05 mars 2013

Le mur (III)


Les deux poèmes suivants ont été écrits dans le cadre d'un échange « Vases communicants » avec le peintre et écrivain Giovanni Merloni qui les a publiés sur son blog leportraitinconscient.com, tandis que je publiais les siens sur le mien.
Je les recopie ici. Le premier est un sonnet, le second un poème acrostiche sur le nom de Giovanni Merloni. Ils font suite à ma série Le Mur (ou le vélo d'appartement !) mais dans l'optique « mur = frontière » qui nous était commune. Je n'ai modifié qu'un seul mot dans le sonnet par rapport à la version parue chez Giovanni, à cause d'une répétition malencontreuse que j'ai repérée trop tard. 
Depuis, Giovanni Merloni m'a fait la surprise et l'honneur de traduire ces deux poèmes en italien ! Vous trouverez sa traduction ici . Qu'il en soit remercié !

Le mur comme frontière. Il suffit de passer au travers.


I – LE MUR EST UNE FRONTIÉRE

Tu pédales toujours : ça porte à réfléchir.
Ce mur beige et crasseux dont la surface gerce,
Ce mur est la frontière et ton regard le perce,
Comme si tu sentais le soleil resplendir

Derrière sa paroi. Soudain tu vois surgir
— Tandis qu’à la radio un Scarlatti te berce —
La vision d’un pays si beau qu’il bouleverse :
Voilà qu’il t’envahit, mieux qu’en ton souvenir !

Les vignes et les pins des collines toscanes,
La Sicile, Palerme et le temple de Diane,
Les statues, les musées, le baroque, les ors,

La campagne d’Assise et les beautés de Sienne,
Les citrons d’Amalfi, de Rome les trésors,
Et la musique au cœur de la langue italienne.


II – LA LANGUE ITALIENNE EST MUSIQUE

Glissando : doucement, monte sur ton vélo.
Imperioso : c’est ton allure sur la selle.
Ostinato : il t’en faut du courage ma belle !
Vivace : tu vois fondre à vue d’œil les kilos.
Adagio : ralentis pour reprendre ton souffle.
Nobile : c’est très dur, tu sens la sueur couler.
Note : cette sonate t’aide à pédaler.
Intermezzo : voilà, c’est le sport en pantoufle !
Ma non troppo : mais ne nous fait pas d’infarctus…
Espressivo : l’écran dit cent-vingt par minute,
Rubato : c’est ton cœur, là, que tu persécutes.
Larghetto : tu te dis, bientôt le terminus !
Opera : ton travail (tri-pa-li-um !) s’achève :
Nasardo : un dernier gémissement plaintif,
Istesso tempo : et tu descends du vélo.
Vue d'Amalfi de mon vélo d'appartement

1 commentaire:

  1. Excellent ! Quel dommage que le sonnet régulier soit si peu utilisé aujourd'hui (la plupart des "sonnettistes" du Net se contentent d'aligner 14 vers) : sa contrainte justement mesurée, ni trop facile, ni trop acrobatique, a encore beaucoup à exprimer...
    JLB

    RépondreSupprimer

Malgré Facebook, j'apprécierais que vos commentaires soient publiés sur blogotobo. Merci d'avance !