L’or, c’est à nos box
Oh ! combien de people, combien de capitaines
D’industrie sont partis avec les poches pleines
Vers ce bel horizon leur fric épanouir,
Placer leurs picaillons et planquer leur fortune,
Dans un canal profond, par une nuit sans lune,
En toute impunité pour longtemps l’enfouir !
Combien de gens ont fui avec leurs brigandages
Évitant de payer au pays leurs péages
Que d'un souffle ils ont escamotés sur les flots !
Personne ne saura où va cette plongée.
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;
L'une a pris l’intérêt et l'autre les dépôts !
Nul ne sait votre sort, ô récoltes indues !
Vous roulez à travers de riches étendues,
Touchant de vos fronts d’or à des bords inconnus.
Oh ! combien d’avocats ne vivent que d’un rêve,
Celui de vous voir tous débarquer sur leur grève
Où vous êtes les bienvenus !
On s'entretient de vous parfois dans les veillées.
Maint journaliste, assis sur des presses rouillées,
Mêle encor quelque temps vos noms d'ombre couverts
Au terrorisme, au meurtre, aux récits d'aventures,
À la pédophilie, aux autres boursouflures
Dont se pare aujourd’hui notre monde pervers !
On demande : - Où sont-ils ? sont-ils rois dans quelque île ?
La Barbade ? Jersey ? Encore plus fertile ?
Puis votre souvenir même est enseveli.
Panama a changé vos noms dans la mémoire.
Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre canal jette le sombre oubli.
Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
Il reste votre banque où l’avoir s’évalue,
Sa puissance lui fait dédaigner la rumeur.
Votre banque sait bien où le pognon s’engendre
Et à qui elle peut sans crainte encore vendre
De la thune et de la valeur !
Et quand le temps a fait son œuvre funéraire,
Rien ne sait plus vos noms, pas même un formulaire,
Dans les nombreux fichiers où votre trace fond,
Pas même un numéro de fax, de téléphone,
Et pas même l’alerte triste et monotone
Que lance un pauvre geek en mal d’insoumission !
Victor Magot
Très fortement inspiré par Oceano nox de Victor Hugo, ce poème s'inscrit dans une série de pastiches initiés par la liste Oulipo et auxquels se sont joints plusieurs facebookiens. Nicolas Graner les réunit au fur et à mesure sur son site pour en faire une anthologie, c'est ici :
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