25 avril 2013

Le Mur (XII) : Le Trou noir

Il n'y a qu'un trou noir

Je ne pédale pas la nuit, Dieu m’en préserve !
Mais le bruit m’ayant fait sortir sur mon balcon
Pour examiner qui pouvait être assez con
Pour travailler à l’heure ou d’autres se réservent 
Un peu d’intimité, je me penche et j’observe
Des grues et des engins, en clignotants féconds
Avec des gens casqués tout autour, et dès qu’on
Leur crie un truc ou l'autre, on voit bien qu’ils s’énervent ; 
Le regard, machinalement, cherche autre chose,
Et ne le trouve pas, même quand il se pose
À l’endroit où, normalement, (c’est presque sûr) 
Il devrait contempler l’objet de sa recherche.
Il devra convenir que l’on n’y voit pas lerche,
Et qu'on n'a qu’un trou noir à la place du Mur !

Des grues et des engins en clignotants féconds

L'eau sans o (ni eau), sonnet


Il n’y a que de l’air, de la terre et du feu
Mais rien de ce qui file entre les mains, liquide,
Duquel il n’est resté que cet état frigide
Appelé glace et gel. J’y ai vu du gazeux,

Car la vapeur, la brume (et la buée un peu),
Scientifiquement parlant, c’est un fluide
Qui s’apparente au gaz, même si c’est humide.
Bref, tu l’auras saisi, même quand c’est fumeux,

Ce qui manque ici-bas sur la vieille planète
C’est cet élément-là, que je ne peux citer
Mais qui parmi les quatre est vital car sa quête

Est le but des humains et autres asséchés.
Heureusement, le vin existe et je le tire ;
Et même, j'en ai bu, avant cette satire.

EC

Explications : l'idée de ce sonnet m'est venue après la publication sur twitter, le 21 avril 2013, de ce défi https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=SUS-Fq8Lsys d'origine canadienne, qui a d'ailleurs suscité la créativité de plusieurs écoliers, il suffit de suivre le hashtag #eausanso pour le constater !

22 avril 2013

Une espèce ratée

Collage E. C.
Nous dînons en compagnie de plusieurs convives, dont un scientifique passionnant qui nous apprend que notre estomac, doté de neurones et de synapses, serait en quelque sorte un cerveau primaire, abandonné par l’évolution au profit de celui qui est protégé par notre boîte crânienne et dont nos oreilles et nos yeux sont proches. Surpris et enchanté, M. déclare : 
— « Formidable ! Comme je suis guetté par Alzheimer, je vais pouvoir passer en mode estomac ». 
Le même passionnant scientifique, au cours du même repas, nous explique que notre espèce a progressé trop vite pour exploiter toutes ses possibilités et conclut, après développement, par ces mots définitifs : « Bref, nous sommes une espèce ratée.» 
— « Parle pour toi, mec ! » lui rétorque M.

17 avril 2013

Machine à coudre

M. regarde l’enterrement de Margaret Thatcher à la télévision.
— Pourquoi mettent-ils son cercueil sur un affût de canon ? lui demandé-je.
— C’est à cause de la guerre des Malouines, me répond-il. Si elle avait fait la guerre des boutons, ils l’auraient enterrée sur une machine à coudre.

13 avril 2013

Le Mur (XI)


Berlin conserve mes morceaux,
Souvenirs d’un temps soviétique.
J'en ai vu passer, des vaisseaux, 
Lorsque je barrais l’Atlantique.

À mon pied on voit le maçon
Se méfier car j’ai des oreilles.
On me perce quand j’ai du son.
Rase-moi, je te le conseille.

Chante-moi tes lamentations,
Par l’escalade atteins mon faîte,
Devant mon incompréhension 
Tape-toi contre moi la tête !

— Mais, mur, te voilà bien bavard 
D’où te vient cette impertinence ? 
Tais-toi donc vieux mur pleurnichard
Redeviens celui du silence !

10 avril 2013

Les Paradis fiscaux menacés


Tandis que la Corée du Nord brandit toujours plus haut le spectre d’une guerre thermonucléaire, on nous dit, en marge de l’affaire Cahuzac, que l’évasion vers les paradis fiscaux a atteint des chiffres vertigineux. Bref tout va mal.
Heureusement que M. a la solution. — « La Corée du Nord devrait plutôt balancer ses bombes sur Monaco, les îles Caïman et Singapour, ça résoudrait tous les problèmes », propose-t-il.

09 avril 2013

Le Mur (X)



La pluie qui ruisselle
sur le béton gris du balcon 
l’orne d’arabesques délicates,
mouille l’air où nul corbeau ne vole,
lave la poussière des travaux
et la noie dans le caniveau,
mais toi, mur poreux,
mur aveugle et sans reflet,
tu restes mat et jamais ne brilles,
vieux buvard blasé qui ravales
tes larmes météorologiques,
pendant que je pédale
entre mes quatre murs.

05 avril 2013

Le Mur (IX). Pastiche.


Le mur est, par-dessus le toit, 
Si noir, si sale ! 
Un pigeon, par-dessus le toit, 
Pousse son râle. 

La tuile, sous le mur qu'on voit, 
Descend en pente. 
La plume du pigeon qu'on voit 
Est dégoûtante. 

Bon dieu d’bon dieu, la vie est là 
Qui tonitrue. 
Ce bruit de marteau-piqueur-là 
Vient de la rue. 

Que fais-tu ô toi que voilà 
Qui te dandines, 
Dis, que fais-tu toi que voilà, 
Sur ta machine ?



EC & Verlaine