10 juin 2011

De saint Janvier à Jipitou

B XVI baisant le reliquaire qui
contient le sang de JP II et les
anticoagulants.
Que manque-t-il à Jean-Paul II pour être saint ? Une auréole, certes, mais surtout un second miracle. Pour augmenter la probabilité de ce miracle et répondre rapidement à l’exigence du santo subito, le meilleur moyen est de fournir à la foule des fidèles une relique guérisseuse. C’est pourquoi le sang de Jean Paul II a été exposé à la vénération des croyants pendant la cérémonie de sa béatification, dans un reliquaire d'argent brandi par la première (et jusqu'ici unique) miraculée. 
Ce bienheureux sang reste aussi fluide que celui de Saint Janvier, patron de Naples, lequel se liquéfie spectaculairement trois fois par an, quoiqu’il se murmure qu'il s'agirait en réalité d'un mélange de chlorure de fer, de carbonate de calcium et de chlorure de sodium aux propriétés intéressantes : naturellement solide, il se liquéfie lorsqu’il est remué et chauffé, ce qui ne manque pas de se produire lors des trois processions annuelles. 
Tel n’est pas le cas de celui de Jipitou, prélevé lors de sa maladie et additionné d’anticoagulants en vue d’une éventuelle transfusion. Ce sang authentique, s’il produisait le miracle attendu, permettrait au Vatican de faire d’une pierre deux coups : canoniser le pape polonais et faire définitivement la pige à saint Janvier, dont le prétendu miracle est prudemment qualifié par l’Église de simple prodige, et dont l’existence même a été mise en doute.

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