Plaque ornant la sépulture de Jules Caillaux, au cimetière de Belleville. Photo prise par M. le 11 juin 2013. (Cliquer pour agrandir). |
M., qui visitait hier le cimetière de Belleville, tomba en arrêt devant une tombe, à cause de la dédicace inscrite sur une plaque de fonte art nouveau très travaillée dont elle s’ornait :
« L’Assistance paternelle des fleurs et plumes à son bienfaiteur, Jules Caillaux, 1849 – 1916, chevalier de la Légion d’honneur, président de 1892 à 1916 ».
À quel carnaval, à quelles Folies Bergère, à quel temple de la mode Belle Époque pouvait bien renvoyer cette inscription funéraire plutôt festive dont la légèreté florale et plumassière, à peine teintée d’un soupçon de paternalisme, contrastait si gaiement avec la gravité des lieux ?
La réalité, trouvée grâce à Google sur le site des Presses de l’éducation, s'avère nettement moins gaie. Raccourcie pour des raisons de lisibilité ou d’économie, la raison sociale complète de l’association était en fait « Société pour l'assistance paternelle aux enfants employés dans les fabriques [puis industries] des fleurs et des plumes. Patronage industriel ». En effet les fabriques de fleurs artificielles et plumes de parure de l’époque employaient des enfants, des filles, à la confection des aigrettes, des chapeaux, des boas et des éventails des élégantes.
L'association patronnait quelques dizaines de ces enfants et veillait à leur moralité et à leur éducation.
On lira sur le sujet des « Articles de Paris » et plus particulièrement des fleurs artificielles, l'intéressant article de Claire Lemercier « "Articles de Paris", fabrique et institutions économiques à Paris au XIXe siècle.»
Un autre article intitulé «Plume et mode à la Belle Époque» et signé Anne Monjaret, est paru dans la revue Techniques et culture. Il montre comment étaient utilisées les plumes des oiseaux exotiques et raconte les protestations que cette utilisation provoqua chez les amis... des bêtes !
Il y avait aussi, apparemment, quelques amis des enfants, dont ce monsieur Jules Caillaux qui mérite pour cette raison sa plaque.
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