Chevalets des puits de Fouquières-lès-Lens |
Jean-Luc Mélenchon et Marine le Pen ont donc choisi le théâtre de leur affrontement. Ce front-contre-front, qui évoque la lutte de deux bêtes à cornes, béliers des landes ou impalas de la savane, aura donc lieu à Hénin-Beaumont, ville du Pas-de-Calais proche de Lens dont un maire fut révoqué — fait extrêmement rare — en 2009. Tout le monde en parle comme si cette ville existait depuis toujours : pourtant Hénin-Beaumont n'a sous ce nom qu'une existence relativement récente. Je l'ai connue sous un autre. Et sa mise en lumière à la faveur de l'actualité politique m'a rappelé de nombreux souvenirs liés aux mines « eud' carbon », au drame de leur fermeture, aux catastrophes, au militantisme. Pour les évoquer, j'ai choisi la contrainte twittéraire des paragraphes indépendants de 140 caractères.
Hénin-Beaumont ne s’est pas toujours appelée Hénin-Beaumont. Pour moi qui l’ai connue sous son vieux nom d’Hénin-Liétard, c’était les Mines.« Les Mines ». Leurs noms m’angoissent encore. Des noms de catastrophes comme Courrières, Liévin ou Fouquières-lès-Lens, le 4 février 1970.Noms de villages grisâtres comme le grisou, corons de briques, mauves de suie, mauves de pluies, terrils sombres et fumants. Hénin-Liétard !Billy-Montigny, Noyelle-Godault, Sallaumines, Méricourt, Avion, Oignies, Harnes, Loos-en-Gohelle, Bully-les-Mines des noms qui m’angoissent.Les mineurs français, les mineurs polonais, les mineurs marocains… La « bistoule » à cinq heures du matin. Je ne comprenais pas leur langue.Dans les gorges grasses de poussière le « an » devenait « in », le « che » « ke », le « u » « eu », le « eur » « eux », le « age » « ache ».Ça me rappelle l'histoire : « Commin konfait ch’ poulet Tatin din ch’Nord ? Ben, teu prinds ch’poulet, teul mets din ch’four et t’attinds ».De Lille, on allait « dans les Mines », 30 bornes dans la 4L pourrie de Rémi L. Un jour le levier de vitesses lui est resté dans les mains.J’avoue en avoir été secrètement soulagée : on coupait à l’expédition dans « Les Mines ». Tout ça c’était du temps où Serge s’appelait Marc.Aujourd’hui les terrils sont verts, mais il y a toujours le chômage. D’autres coups de grisou menacent Hénin-Liétard, devenu Hénin-Beaumont.
EC
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