Jacques Perry-Salkow est un auteur comme on en voit peu : il a le don de rendre lisibles, naturelles et poétiques les contraintes les plus difficiles, comme le palindrome, et on espère d'ailleurs que le livre «
Sorel Eros », qu'il a écrit avec
Frédéric Schmitter, connaîtra le même heureux sort que ce «
Pékinois » qui vient de sortir au Seuil. Une très belle édition reliée, pour ce recueil d'anagrammes sur les noms de célébrités réelles ou fictionnelles, que je conseille à tous. Aucune de ces anagrammes n'est vaine, toutes expriment ou révèlent quelque chose sur le personnage. Par exemple,
Robert Doisneau, « d'où notre baiser »
Oussama Ben Laden, « À l'aube sans monde », ou encore
Albert Einstein, « Rien n'est établi ». Quant à la dédicace, « Je dédie à Élisabeth et Pierre ces habiletés et prière », je ne peux m'empêcher d'en piquer pour moi une petite partie, Babeth me pardonnera ! Le livre de Jacques a circulé hier soir de main en main après le jeudi de l'Oulipo consacré cette fois à la couleur jaune et à
Tristan Corbière, ce poète breton mal connu, auteur des « amours jaunes », et qu'on a tous eu, du coup, envie de découvrir. Voici par exemple un extrait d'un de ses poèmes, consacré au vieux Roscoff :
Où battaient-ils, ces pavillons,Écharpant ton ciel en haillons !...– Dors au ciel de plomb sur tes dunes...Dors : plus ne viendront ricocherLes boulets morts, sur ton clocherCriblé – comme un prunier – de prunes...