30 avril 2007

Jet Lag


Pour tenir éveillée la pauvre L., complètement jetlaguée hier à son arrivée de Nouvelle Calédonie, et lui permettre de reprendre le rythme français avant son stage qui commence mercredi, nous lui avons parlé toute la matinée, nous lui avons fait écouter les disques d'Alexandre Tharaud, nous avons trinqué avec elle au Porto, nous l'avons nourrie de lapin et de fraises et nous lui avons proposé de nous accompagner l'après midi au théâtre l'Échangeur de Bagnolet, où se jouait une adaptation à la scène des « fous littéraires » de Blavier, par la Compagnie Bougre de Singe. Mauvaise idée. Autant le spectacle organisé autour des œuvres oulipiennes (Théoulipo) nous avait plu, autant celui-ci ratait son but, malgré les textes fameux de Jean-Pierre Brisset, qui montrent le sens profond de tous les calembours. La jeune L. n'a pas tardé à piquer du nez dans son fauteuil, et nous nous sommes éclipsés vite fait pour la mettre au lit, sans attendre la troisième partie de la performance. Au retour, j'ai fait quelques photos de métro (dont celle que j'ai postée hier).

29 avril 2007

Concert


Nous sommes revenus enchantés du concert d'Alexandre Tharaud hier soir, au théâtre des Champs Élysées. Une première partie « concertos italiens », comprenait des transcriptions par Bach de concertos de son époque, et se terminait par son fameux concerto italien à lui, extraordinairement bien compris et interprété, avec un chant de la main gauche tout à fait remarquable. Une seconde partie, intelligemment construite, intercalait des pièces de suites de Couperin et d'autres pièces du Tombeau de Couperin de Ravel qui leur faisaient écho, le tout encadré par les « baricades misterieuses » jouées avec un coulant, un velouté, mmh...
À l'entracte, pendant que l'accordeur travaillait sur les cordes mises à mal par le jeu et la chaleur, les rombières qui étaient devant moi (et légèrement en dessous) se sont exprimées : — « je n'aime pas trop le baroque ». — « Moi non plus. Pour moi la musique commence après Bach » (sic). Et puis : — « c'est drôle, ce piano sonne comme un clavecin ». « Mais non, c'est Bach qui sonne comme du clavecin » (re-sic). Elle traduisaient ainsi ce qu'elles avaient ressenti du jeu si clair de Tharaud, sans pédale, avec une façon très claveciniste de traiter les ornements.
J'ai pris un immense plaisir à ce concert : pas snob, le jeune Tharaud nous a régalés de bis à n'en plus finir, parmi lesquels les Sauvages de Rameau (que j'espérais !) et deux valses de Chopin.
La nuit qui a suivi le concert, souffrant d'une insomnie, j'ai allumé la radio vers 5 h 30 sur France Musique : c'étaient les variations Goldberg. J'ai tout de suite reconnu le jeu de Glenn Gould et j'ai dit : Nom d'un chien, Tharaud, c'est l'anti Glenn Gould ! Suffisamment fort pour que M., qui dormait à moitié, s'en souvienne encore. Au réveil je maintiens. Tharaud fait ressortir les plans, démontre l'architecture, mais chante, lui.

28 avril 2007

Bouts-rimés

Martin est reparti hier vers le nord, avec plein de matos numérique, non sans m'avoir donné auparavant un cours de Spip et un autre d'Audacity. M. est rentré de Ruoms, les poches pleines de thym frais. Nous attendons L. qui doit débarquer demain vers 4h du matin de Nouvelle Calédonie pour faire un stage à Paris. Le numéro 11 de Formules se boucle, mes autres commandes en cours aussi. J'ai donc eu le temps d'écrire, tout à l'heure, un sonnet sur les bouts-rimés donnés par Robert Rapilly sur la liste Oulipo : étalons/étalons, percherons/percherons, polissons/polissons, oignons/oignons, pigeons/pigeons, savons/savons, pompons/pompons.
Robert nous donnait en même temps sa propre version qu'on peut lire sur son blog.
Voici la mienne, qui pourrait s'appeler « le mythe de l'Entreprise » ou « c'est la vie d'bureau pourvu qu'ça dure » :

Dans cette merde immense où nous nous étalons
On voit parfois passer de fougueux étalons.
Qui les entend hennir « là haut nous percherons »
Sait bien qu’ils finiront, comme nous, percherons.

L’ouvrage qu’au métier en vain nous polissons
Nous voulons le laisser à ces beaux polissons.
Occupez-vous enfin, petits, de nos oignons !
Et pour notre retraite, amis, nous vous oignons.

Ne nous demandez rien à nous, vieux qui pigeons,
Mais de vos supérieurs devenez les pigeons.
Ne nous interrogez jamais, nous qui savons,

Mais gardez votre rêve et vendez vos savons.
Nous, en attendant de distribuer les pompons,
Pompons la merde hélas, et gaîment la pompons.

EC

27 avril 2007

Rostropovitch

Rostro est mort. Ils ont eu vite fait, sur Wikipedia, de mettre à jour sa biographie. D'après Anne Montaron entendue sur France Musique, il était malade du foie. Je me souviens de l'avoir vu et entendu une fois (il y a au moins 25 ans !) en concert à l'opéra de Lille, dans un concerto de Haydn dirigé (un peu trop vite à mon goût) par Casadessus. Le violoncelle presque horizontal, la longue pique, ça étonnait, à l'époque ! Je l'adorais dans les variations rococo de Tchaïkowsky et le concerto de Dvořak. Là où il est maintenant, il n'y a plus que musique. Claire, si tu me lis, bois un coup avec moi à sa santé !

22 avril 2007

Time out

Comme c'est bizarre ! Impossible, depuis ce matin 10 h, de joindre le site du Soir de Belgique. On obtient régulièrement le message : « Délai d'attente dépassé. Le serveur à l'adresse www.lesoir.be met trop de temps à répondre. Le site est peut-être temporairement indisponible ou surchargé. Réessayez plus tard ». Ça rame aussi côté helvète « Le serveur à l'adresse www.tdg.ch met trop de temps à répondre ». Comme quoi, avant d'annoncer au monde entier qu'on va donner les estimations que les journaux français n'ont pas le droit de donner, on prend la précaution d'augmenter la puissance de ses serveurs. Faute de quoi l'effet est désastreux.

42 004

Avant d'aller voter ce matin, je me suis amusée à faire le test du site « mes mots », récemment découvert par l'entremise du site lexique.org, lui-même découvert grâce à la liste Litor , histoire d'obtenir enfin une estimation chiffrée de l'ampleur de mon vocabulaire.
Il s'agit de cocher, sur une liste de 100 mots, ceux dont vous vous sentez capables de donner une définition. Pour éviter la triche, la liste est légèrement truffée de mots inventés. Un clic et voici la page de résultats : par je ne sais quelle extrapolation mystérieuse, je suis censée connaître 42 004 mots (environ).
La liste des 100 mots est toujours là, avec pour chacun le « pourcentage d'internautes » le connaissant. C'est bon, je ne me suis pas fait avoir par « chousse » ni par « zanxte ». Certes j'ignorais « yali » mais j'avais des excuses : il est introuvable dans le Robert, et apparemment personne d'autre ne savait ce que c'était. Google prétend qu'il s'agit d'un jeu de société, mais une marque, ça ne fait pas tout de suite un nom commun. Par contre j'ai été étonnée du faible « pourcentage d'internautes » déclarant connaître les mots « zélateur », « uhlan », « barcarolle » ou « omphalos ».
Reste à définir ce qu'est, pour ce site, un internaute et un pourcentage.

21 avril 2007

Aimé

On regardait LCI ce soir, et on a vu voter Aimé Césaire, bon pied bon œil .
— Nom d'un chien ! Aimé Césaire !! Mais quel âge a-t-il ? m'exclamai-je.
— Oh, peut être 150 ans, mais pas plus, me répondit M.
Après vérification sur Wikipedia, il n'en a que 95.

20 avril 2007

La différence


À la demande générale, voici la photo de l'affiche en question dans mon post d'hier.

19 avril 2007

Vote utile

Dans la station Place de Clichy, quelqu'un a écrit au feutre un slogan électoral au dessus d'une affiche de l'escalier, ce qui donne la lecture étonnante que voici :

Votez, utile, votez à gauche
Nous vous rembourserons la différence

Tremplin

J'espère que les « emplois tremplins » promis par Ségolène Royal ne seront pas des emplois « trempartiels » !

15 avril 2007

Épaules

Hier soir, sur une chaîne câblée, le journaliste Éric Zemmour s'est permis de dire à propos de Ségolène Royal : « Je persiste à penser qu'elle n'a pas les épaules pour le poste ». Cette réflexion stupide a eu le don de mettre M. hors de lui :
et, s'adressant à la télé, il a crié :

— « Pas les épaules ? Eh bien, elle a les hanches, crétin ! »

10 avril 2007

Réforme

Je me souviens qu'il y a deux sortes de croix huguenote : celle avec la « coucourde » et celle avec le « petit canard ».

09 avril 2007

Ballet

Le sacre du Printemps

Mars, tendre supplice,
Trip dense, mescal pur,
Déprimant sépulcres
De tremplins aperçus,
Ample Prince des ruts,
Esprit nul de crampes
Pulsant cri de sperme,
Sprinter pâmé de culs,
Transpercé de pilums,
Danse l’impur respect !

EC

08 avril 2007

Joyeux Noël

Attention aujourd'hui à ne pas confondre une messe de Pâques et une passe de mec.

***
Faire gaffe aussi à ne pas mélanger les lendemains qui chantent avec les champs de lin qui mentent.

***

07 avril 2007

06 avril 2007

Mygale


Avec un parfait ensemble la presse titre ce matin que les deux randonneurs disparus en Guyane sont « sains et saufs ». Sains et saufs, sauf qu'ils n'ont pas l'air très sains après avoir perdu 20 kg et bouffé des mygales.

***

Les oulipiens étaient hier réduits à 4 : Bénabou, Salon, Grangaud et Caradec ont planché sur le thème du rayon vert. Au dîner, nous nous sommes retouvés à 8 dont P. D. venu spécialement de Bruxelles, et Dominique nous a conté ce délicieux dialogue entre une fille et sa mère au rayon disque de la Fnac : — dis, maman, ça veut dire quoi « en public » ? Et la mère de répondre tout naturellement : — Ça veut dire « live », ma chérie.

02 avril 2007

Escalope

Elle est blonde et lui brun mais ils sont sans doute frère et sœur car ils ont les mêmes sourcils noirs. Il lui raconte la soirée où il a bu 5 whiskies et où il a vu Élise. Depuis le temps qu’ils ont envie d’être amants tous les deux.

Elle s’étonne.

— Pourquoi ça ne s’est pas fait ? demande t-elle abruptement.

— Elle était maquée à l’époque où.

Alors elle lui fait part de sa déprime, son amie vient de rompre avec elle.

— J’ai très peur qu’elle m’ait trop abîmée pour que je puisse encore aimer la vie.

Des répliques comme celle-là, on en entend surtout dans les séries américaines, mais on est dans un bistrot bien parisien, devant une escalope milanaise sèche et des spaghettis trop cuits qui nagent dans la sauce.

Il lui prodigue de bons conseils et lui promet de nouvelles rencontres.

— Mais Aurélie est avec Iris, dit-elle, même que c’est moi qui les ai présentées, quant à Laura elle vit avec Julie, et c’est aussi par moi qu’elle se sont connues.

— Et pourquoi tu n’essaierais pas avec un mec ? dit il d’une voix neutre.

Elle ne prend pas mal la question et lui répond sur le même ton.

— Pour moi les mecs c’est des hommes troncs. J’aime le haut mais pas le bas.

Et elle recommence à se plaindre.

— Je me sens seule, dépossédée. J’avais quelque chose et je n’ai plus rien.

Tout en écoutant leur conversation, j’ai fait les mots croisés du Figaro d’aujourd’hui. J'ai même attaqué le Su Do Ku, en me disant : c’est bien la peine d’être lesbienne pour être aussi conne qu’une femme mariée.