28 novembre 2008
Caradec, l'hommage
Oublions deux minutes la politique et ses anagrammes pour évoquer le dernier Jeudi de l'Oulipo, qui, circonstances obligent, avait changé son programme de LHOOQ en Hommage à François Caradec, excusé pour cause de décès. Ils étaient 9 hier soir sous sa moustache tutélaire : Jacques Jouet, Marcel Bénabou, Michelle Grangaud, Jacques Roubaud, Bernard Cerquiglini, Hervé le Tellier, Frédéric Forte, Anne F. Garréta et Olivier Salon, dans l'ordre et de gauche à droite. Petits films, enregistrements, lectures d'extraits de La Compagnie des Zincs, du Pétomane, de Jane Avril, de Le Porc, le Coq et le Serpent, ou de son premier roman Le doigt coupé de la rue du Bison récemment paru, ont ponctué une soirée pleine d'émotion mais vide de pathos. Puis Thieri Foulc, Provéditeur Éditeur Général du Collège de 'Pataphysique, lut en conclusion un texte pour le moment inédit du «Régent Toponome & Celtipète », qui montre que les Justes arrivant à la droite de Dieu s'y empilent à l'infini, infirmant Sa réputation d'impartialité. Juste mais pas con, François Caradec a certainement dû contourner par la gauche.
Au bistrot d'en face, nous étions douze ensuite. Bonne bouffe, bon vin, bons rires, bon souvenir.
24 novembre 2008
Elle RAYA UN TIMBRE
19 novembre 2008
L'abandon déterré
18 novembre 2008
Solo intégral
17 novembre 2008
Dômes
16 novembre 2008
Monte là-dessus
Il paraît qu'on devrait faire 10000 pas par jour pour se maintenir en forme, à nos âges. Forte de ce conseil, mais sans podomètre, je suis allée, accompagnée de M., faire à Montmartre une hygiénique balade matinale. Après une montée progressive par la rue Lepic, nous sommes arrivés au sommet, devant la basilique où se concentrent, ébahis devant la vue vantée par leurs guides, les touristes de tous les pays, ceux à qui on fait prendre la caserne de Reuilly pour les Invalides et la gare de Lyon pour le Panthéon. Un mendiant massacrait au violon la lettre à Élise, qui n'en a pas besoin la pauvre. — Beethoven doit se retourner dans sa tombe, me dis-je in petto avant de me souvenir qu'heureusement, même mort, il restait sourd. Le petit train Pigalle-Montmartre arriva là dessus et déversa une cargaison de membres d'un club du 3e âge de l'Yonne. Heureuse coïncidence, une formation de jeunes tambours habillés en sans-culottes gratifia au même moment la population d'une série de ras et de flas qui ne tarda pas à faire venir les premières gouttes. Redescendus dans la rue des Abbesses par une voie plus rapide, nous nous réfugiâmes pour l'apéro sur une terrasse chauffée aux infra-rouge. Ah le petit vin blanc qu'on boit sous la tonnelle électrique !
14 novembre 2008
François Caradec
J'étais en train d'écrire le compte-rendu de ce «rompol» quand j'ai appris hier la mort de son auteur. J'avais une tendresse particulière pour François Caradec et cette annonce m'a bouleversée. J'ai écrit pour lui cette petite épitaphe anagrammatique :
racontait-il dans une interview au Matricule des Anges que vous pouvez lire intégralement ici. Le doigt coupé de la rue du Bison se passe justement à cette époque, juste après la Libération. C'est une histoire très noire mais très bien construite, masquée derrière un polar abracadabrant, où l'on retrouve l'humour propre à l'auteur, et quantités d'allusions, de citations, de jeux de mots et de contrepèteries.
Ric rac, sa faconde
Se farcira donc ça ?
Frac noir, cascade,
Son cri, ça cafarde.
mais je pense que le meilleur hommage qu'on puisse lui rendre, c'est de lire ce livre, son seul roman, dans lequel il a mis beaucoup de lui-même et de ses souvenirs.
J'ai passé ma jeunesse sous l'Occupation. J'ai été obligé d'abandonner mes études à un moment où on se faisait rafler trop facilement, je suis devenu typographe. Je me suis retrouvé déporté du travail dans un camp où j'ai réussi après un séjour d'un mois à Berlin à me faire rapatrier comme malade.
racontait-il dans une interview au Matricule des Anges que vous pouvez lire intégralement ici. Le doigt coupé de la rue du Bison se passe justement à cette époque, juste après la Libération. C'est une histoire très noire mais très bien construite, masquée derrière un polar abracadabrant, où l'on retrouve l'humour propre à l'auteur, et quantités d'allusions, de citations, de jeux de mots et de contrepèteries.
Le loup dans la pharmacie
J'accompagne N. qui doit passer prendre un médicament dans une pharmacie. Le pharmacien lui demande son adresse. — «Rue Alfred de Vigny, V, I, G, N, Y», croit-elle utile d'épeler. Le pharmacien lui donne la boîte puis déclame soudain d'un air inspiré :
Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Mais c'est La mort du loup, m'écriai-je, échangeant un sourire attendri avec le pharmacien sous l'œil étonné de N. Nous devons avoir à peu près le même âge, le pharmacien et moi.
13 novembre 2008
Big Bed
Imaginez que pendant la période de transition, Bush et Obama soient obligés de cohabiter à la Maison Blanche, et pire, d’occuper la même chambre et le même lit toute la nuit. Et, bien que ce lit soit grand comme le sont tous les lits américains, Bush s’étale, ronfle, et occupe toute la place. Obama, quant à lui, ne trouve pas la sienne. Il remue, se retourne, s’agite, change de place, essaie le côté droit, le côté gauche, sans trouver le sommeil. À la fin, on le retrouve perpendiculaire à son «colitier», au bout du lit, le nez sur les orteils de Bush, qui pue des pieds.
C’est le rêve que j’ai fait dans la nuit du 11 au 12 novembre dernier.
C’est le rêve que j’ai fait dans la nuit du 11 au 12 novembre dernier.
12 novembre 2008
Google médecin
Voilà une utilisation de Google Trends à laquelle je n'avais pas pensé. Selon un article du New York Times daté du 11 novembre, on peut désormais mieux prévoir les épidémies de grippe grâce à la surveillance des mots-clés tapés dans Google par les gens qui s'inquiètent de leurs symptômes. La fondation Google, en accord avec le Centers for Disease Control and Prevention (CDC), a ouvert une page, Google flutrends, avec un mashup qui permet d'avoir une indication de l'activité du virus de la grippe dans chaque État américain sur lequel on passe sa souris. Une animation très bien faite (photo d'écran) montre que Google avait potentiellement prévu la dernière épidémie (janvier 2008) deux semaines avant le CDC. Deux semaines, c'est considérable pour les épidémiologistes : cela laisse le temps de mettre en place un dispositif de vaccination renforcé.
10 novembre 2008
Heureuses insomnies
Franck Martin |
09 novembre 2008
Master
J'ai répondu il y a quelques jours à une enquête Ipsos sur les usages Internet, qui m'était proposée à l'ouverture du JDN. Elle était longue, fouillée, mais j'ai fini par arriver au bout. J'étais impatiente de voir les résultats : où étais-je classée ? Et quand les résultats se sont affichés, j'ai bien rigolé. En voilà un extrait :
Selon vos réponses à ce questionnaire, le profil se rapprochant le plus du vôtre est celui des Master-developpeurs. Véritables maîtres de la toile, les master-développeurs vivent dans la sphère du Web, de l’informatique et des nouvelles technologies. Ils représentent 8% des internautes. C’est un groupe très masculin (84% d’hommes) et jeune (73% moins de 35 ans).
08 novembre 2008
Apollinaire 1918-2008
Apollinaire était à l'honneur hier soir à Censier : Claude Debon, professeur émérite à la Sorbonne nouvelle Paris 3 (photo) présentait son livre, «Calligrammes» dans tous ses états, édition critique du recueil de Guillaume Apollinaire, paru aux éditions Calliopées: une somme passionnante représentant un travail considérable qui s'est parfois, raconte-t-elle, apparenté à une enquête policière. Pour preuve l'histoire étonnante des différents manuscrits de «La nuit d'avril 1915», dont l'original manquait à la BNF et qui fut retrouvé aux États-Unis, ou celle du titre du poème «c'est Lou qu'elle se nomme», raturé et changé par Apollinaire en «c'est Lou qu'on la nommait» après sa rencontre avec Madeleine...
Peter Read, professeur à l'université du Kent, présentait quant à lui les Dessins de Guillaume Apollinaire (par Peter Read et Claude Debon) parus dans la collection «Les Cahiers dessinés» chez Buchet-Chastel, au travers du personnage de Polichinelle, récurrent chez Apollinaire. Il projeta notamment une aquarelle saisissante, où l'on voit Polichinelle blessé à la main montrer de l'autre son crâne, à l'endroit où Apollinaire lui-même reçut son éclat d'obus.
La rencontre se termina devant l'exposition des dessins et des poèmes projetés, autour d'un verre en compagnie d'universitaires distingués, dont Daniel Delbreil, le Directeur de l'équipe «l'esprit nouveau en poésie : Apollinaire, Queneau» et d'autres «Amis de Valentin Brû».
La rencontre se termina devant l'exposition des dessins et des poèmes projetés, autour d'un verre en compagnie d'universitaires distingués, dont Daniel Delbreil, le Directeur de l'équipe «l'esprit nouveau en poésie : Apollinaire, Queneau» et d'autres «Amis de Valentin Brû».
06 novembre 2008
Question de mémoire
Sur BFM TV, Ruth Elkrieff parle à l'instant de Colin Powell — qui s’est converti à Obama et salue son élection avec des larmes de joie — comme de quelqu’un qui incarnerait l’ouverture.
— «Il incarne surtout le fait que le ridicule ne tue pas», dit M. qui se souvient de ce qu'avait dit en 2003 ce personnage à propos de l'Irak, déclarations qu'on peut retrouver ici. Les regrets qu'il a exprimés en 2005 y changent-ils quelque chose ?
— «Il incarne surtout le fait que le ridicule ne tue pas», dit M. qui se souvient de ce qu'avait dit en 2003 ce personnage à propos de l'Irak, déclarations qu'on peut retrouver ici. Les regrets qu'il a exprimés en 2005 y changent-ils quelque chose ?
05 novembre 2008
Palindromique Obama
Je suis loin d'être la première à avoir remarqué que le nom d'Obama était palindromique, je me suis juste amusée à inscrire sa tête dans ce palindrome : amabo obama, c'est à dire, en latin, «j'aimerai Obama».
À ce propos, il est intéressant de suivre sur ce blog la discussion de latinistes américains : l'un d'eux soutient qu'on devrait dire «obamam amabo» puisque Obama est complément d'objet direct. Il remarque finement que l'expression reste quand même palindromique après correction. Mais un collègue, qui cite Horace, lui démontre qu'il a tort, car rien ne prouve que le nom Obama, qui est propre et pas commun, se décline comme rosa la rose, alors que certains noms propres d'origine grecque sont en «a» à l'accusatif, comme Cyclopa ou Agamemnona. Un troisième, médiéviste, ne se dit pas choqué par l'expression amabo Obama telle quelle, qui passerait très bien en latin médiéval. J'adore ce genre de discussions.
À ce propos, il est intéressant de suivre sur ce blog la discussion de latinistes américains : l'un d'eux soutient qu'on devrait dire «obamam amabo» puisque Obama est complément d'objet direct. Il remarque finement que l'expression reste quand même palindromique après correction. Mais un collègue, qui cite Horace, lui démontre qu'il a tort, car rien ne prouve que le nom Obama, qui est propre et pas commun, se décline comme rosa la rose, alors que certains noms propres d'origine grecque sont en «a» à l'accusatif, comme Cyclopa ou Agamemnona. Un troisième, médiéviste, ne se dit pas choqué par l'expression amabo Obama telle quelle, qui passerait très bien en latin médiéval. J'adore ce genre de discussions.
Mashup
Sous le titre «capturing and celebrating the vote» le New-York Times appelle les internautes à lui envoyer, par email ou via Flickr, les photos des fêtes qu'ils ont improvisées pour célébrer la victoire d'Obama, et d'indiquer où elles se sont passées. Ces photos sont ensuite positionnées sur la carte des États Unis et s'affichent au passage de la souris. Cela donne une image originale, plus proche et plus émouvante qu'une illustration ordinaire, de la liesse provoquée par le résultat des élections.
Et last but not least, cela va me fournir un excellent exemple d'application de géolocalisation web 2.0 pour mon cours d'aujourd'hui !
04 novembre 2008
Matin
02 novembre 2008
Pluie
M. rentre d'Ardèche, un peu humide certes, mais sain et sauf et en relativement bon état, avec dans ses bagages quelques caillettes (photo avant cuisson), du thym de garrigue et deux bouteilles d'un excellent marsanne. Nous venons de liquider la première.
Il pleut toujours là-bas. L'Ardèche était montée de 4 mètres, me dit-il, et charriait des branches mortes «longues comme la maison».