03 octobre 2008

Pleines formes

«En pleines formes», les Oulipiens, pour leur rentrée à la BNF hier soir. Paul Fournel donna en intro quelques nouvelles plutôt rassurantes de François Caradec dont il nous lut quelques parapèteries comme «rien n'est plus bath qu'une belle botte» ou «les Italiens ne chantent pas dans les Pouilles». Michelle Grangaud nous fit découvrir à l'oreille et à l'écran un pantoum homophonique intitulé «alors tôt graph» et quelques anagrammes, Jacques Jouet donna trois extraits de son dernier bouquin, MRM, écrit selon la forme inventée utilisée par Dante, la terza rima, et à paraître très prochainement chez P.O.L, ainsi qu'un Chant Royal, Marcel Bénabou évoqua dans une adaptation très drôle d'un chapitre de son épopée familiale les difficultés qu'il avait eues à construire ce roman selon le modèle du temple de Jérusalem à l'instar de Proust avec sa cathédrale, Paul Fournel nous fit part d'une nouvelle contrainte, l'étreinte, qui consiste à faire rimer le premier vers du poème avec le dernier, le second avec l'avant dernier etc., forme plagiée par anticipation et par un troubadour gênois, Bonifaci Calvo, qui la nomme retrogradatio. Puis il permit au public d'exercer sa sagacité avec quelque Chicagos ayant pour objet les villes européennes. Ian Monk nous lut successivement «la plainte de la maman», «le silence déprimé du père» et «l'engueulade de la patronne», trois poèmes en 6 strophes de 6 vers de 6 mots chacun. Hervé le Tellier se livra à un exercice de réécriture autoréférentielle de la phrase «il m'arrive de penser que je pourrais reprendre une phrase sans en être satisfait» avant de passer à des «légendes de dessins non accompagnées de dessins», telles que «amibe très divisée sur son avenir» ou «pervers sexuel en voie de guérison». Comme à son habitude, Olivier Salon nous fit rire avec un texte jouant sur l'ambiguïté du mot forme, qui signifie également embauchoir, pour en arriver à la conclusion évidente que «les formes élargissent les pieds des alexandrins». Enfin Frédéric Forte nous montra que ses sonnets plats ne paraissent pas si plats que ça quand il les lit.

La pizzeria habituelle ayant fermé, Malo nous en fit découvrir une autre où nous poursuivîmes la soirée dans la joie et la bonne humeur. Aux habitués s'étaient joints quelques anciens de Cerisy et de Pirou, très vite intégrés à la petite bande. Les pizzas se sont avérées nettement meilleures que chez le précédent loufiat, et l'Orvieto a coulé à flots.

2 commentaires:

  1. Chic alors, c'est du tout cuit!
    Existe-t-il par ailleurs des traces officielles (cassettes, vidéos...)?

    J'ai retrouvé mon ordinateur donc mes sources. Voici des précisions sur deux sujets abordés au cours du dîner: le steampunk et le merveilleux "Jake" Van Slatt, l'histoire des livres de Cioran en commentaire de la vente des livres de René Char.

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  2. Et j'oubliais: le professeur qui parle de Phèdre à Chicago, c'est Thomas Pavel.

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