17 juin 2003

Mopsik

Charles Mopsik est mort. Je suis sûre que ce nom ne dit rien à la plupart d'entre vous ; d'ailleurs, à part un petit article dans le Monde d'aujourd'hui, je n'ai rien vu nulle part, sauf sur le câble hier soir sur TFJ, où ils ont repassé une ou deux émissions auxquelles il avait participé. J'ai eu l'honneur de le connaître il y a une vingtaine d'années, pendant les cours du philosophe cabaliste Jean Zacklad dont il était le jeune — préféré — et brillant élève. Charles Mopsik s'affiliait lui-même à Lévinas et à Blanchot. Incisif, parfois provocateur, critique de Scholem et de certaines opinions établies sur la Cabale, il avait entrepris à un âge non recommandable (puisque il faudrait selon la tradition n'aborder cette discipline qu'à la quarantaine) une vaste entreprise qui tient à la fois de la recherche pure, du dépoussiérage, de la révélation, de l'explication jusqu'à la vulgarisation, de la traduction et du dévoilement, des textes fondamentaux de la mystique juive. Le Zohar, surtout, dont je peux citer de mémoire la première phrase dans sa traduction éditée par Verdier : « D'emblée, la résolution du roi laissa la trace de son retrait dans la transparence suprême ». Cette phrase, commentaire de la première phrase de la Genèse, est une allusion au « tsimtsoum », cette philosophie du « retrait » de Dieu, sorte de divine contraction qui laisse place à la création. Car la dimension féminine du divin est l'un des traits essentiels de la Cabale telle que je l'ai découverte grâce à Mopsik, Zacklad, Catherine Chalier et d'autres. Zacklad est mort il y a déjà longtemps, jeune, une cinquantaine d'années. Charles Mopsik avait à peine 46 ans. Son œuvre est inachevée. J'espère que quelqu'un va continuer. Je ne sais trop pourquoi, mais par ces temps de fanatisme, il me semble que c'est vital.

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